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Biodiversité : la planète n'a presque plus de terres vierges

Seulement 2 % à 3 % de la surface terrestre sont encore dans le même état naturel qu'il y a 500 ans, signale ce jeudi une étude d'un groupe international de chercheurs universitaires.

La forêt amazonienne contient encore quelques espaces totalement vierges, tout comme le massif du Congo et les terres boréales de Sibérie Orientale et du nord du Canada. Mais ce sont les derniers.
La forêt amazonienne contient encore quelques espaces totalement vierges, tout comme le massif du Congo et les terres boréales de Sibérie Orientale et du nord du Canada. Mais ce sont les derniers. (Gustavo Frazao/Shutterstock)

Par Joël Cossardeaux

Publié le 15 avr. 2021 à 06:45Mis à jour le 15 avr. 2021 à 07:41

C'est peut-être bientôt la fin. La planète n'abrite plus que 2 % à 3 % d'espaces terrestres vierges, ceux dont la faune et les habitats naturels sont restés dans un état strictement identique à ce qu'il était en l'an 1500. Une part de « biodiversité intacte » très inférieure à toutes les estimations émises sur le sujet jusqu'à présent, lesquelles oscillent entre 20 et 40 % d'espaces non impactés par la présence et les activités de l'homme, indique une étude internationale mise en ligne jeudi sur le site de l' ONG Frontiers .

Un tel écart tient à la méthode d'analyse particulièrement draconienne qu'a adoptée la douzaine de chercheurs de plusieurs universités d'Europe et d'Amérique du Sud associés à ces travaux. Leur méthode s'appuie sur les normes mondiales établies par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) afin d'identifier des « zones clés pour la biodiversité » (« key biodiversity areas ») sur la planète. Des lieux dont les écosystèmes sont absolument intacts.

Des espaces très mal protégés

Les chercheurs y ont ajouté deux autres critères de « virginité écologique » : l'un relatif à l'état de la faune qui ne doit avoir essuyé aucune perte d'espèces depuis l'an 1500, l'autre à la capacité du milieu naturel à conserver la même population animale sous peine de voir ses écosystèmes gravement affectés. Cette grille d'analyse a ensuite été systématiquement appliquée sur une échelle de territoire de 10.000 kilomètres carrés. Un espace minimum dans lequel tous les critères définis par l'étude devaient être satisfaits pour être classé « 100 % naturels ».

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Les résultats sont pour le moins préoccupants. En plus d'être réduites à leur strict minimum, les dernières terres vierges sont très vulnérables. « Seulement 11 % sont comprises dans le périmètre de zones protégées », indique l'étude. Beaucoup coïncident avec des territoires gérés par des communautés indigènes qui jouent un rôle essentiel dans leur préservation.

Une tendance réversible

Ces derniers territoires de « pleine nature » encore en état de marche sont concentrés sur la Sibérie orientale et le nord du Canada pour les espaces boréaux et de toundra. Les forêts tropicales d'Amazonie et du Congo concentrent également les ultimes parcelles à la biodiversité intacte et encore non menacée.

Le processus de dénaturation de la planète, qui semble en voie d'achèvement, n'est cependant pas irréversible. « Il est encore possible de rendre à 20 % des terres leur authenticité écologique », estime Andrew Plumptre, coauteur de l'étude et chercheur à l'Université de Cambridge. Un des moyens d'y parvenir consiste à réintroduire des espèces dans les territoires où l'impact des activités humaines est encore faible.

Une solution qui ne manquera pas d'être débattue au prochain congrès de l' UICN , prévu en septembre à Marseille. Et plus encore à la conférence mondiale sur la biodiversité, la COP 15 , qui doit se tenir le mois suivant à Kunming, en Chine. L'un des enjeux de cette conférence onusienne est de parvenir à faire s'entendre tous les pays sur l'objectif d'une protection de 30 % de la planète d'ici à 2030.

VIDEO. La conquête de l'Arctique va-t-elle tourner au désastre écologique ?

Joël Cossardeaux

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