Alors que les Antilles sont frappées de plein fouet par le Covid-19, elles mènent un long combat juridique et sanitaire pour obtenir réparation de l’intoxication au chlordécone qui touche 90 % de la population. Cet insecticide, utilisé dans les bananeraies de 1973 à 1993, a été interdit il y a plus de 20 ans. Au mois d’août, Novethic revient sur des scandales ayant poussé les industriels à changer de technologie.

Quand une crise sanitaire en percute un autre ! En avril dernier, la population martiniquaise, qui affronte dans des conditions difficiles la quatrième vague de Covid-19, était massivement descendue dans la rue pour protester contre le risque "d’impunité" sur le "scandale environnemental" que constitue son exposition au chlordécone.
Le chlordécone est un insecticide dont les risques cancérigènes ont été mis en avant dès les années 70. Son utilisation a été interdite en 1989 par la France et il n’a en fait cessé d’être utilisé aux Antilles qu’en 1993. Mais il s’agit d’un Polluant Organique Persistant qui restera au moins 600 ans dans les sols et l’eau qu’il a contaminés. Les Antillais se battent pour faire reconnaitre le lien entre cette pollution toxique et le taux très élevé de cancers plus particulièrement de la prostate, parmi les populations de la Guadeloupe et de la Martinique. Ce lien leur permettra d’obtenir réparation de l’État français mais c’est un combat loin d’être gagné.
Pollution chimique agricole
Plus de 2000 plaignants ont déposé, en 2006, une plainte pour "mise en danger de la vie d’autrui par empoisonnement" dans le cadre d’une action collective auprès du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris. Cela a abouti à une première audition, en janvier 2021, au cours de laquelle les juges ont évoqué la prescription des faits. Cette menace a mis le feu aux poudres aux Antilles où les manifestations n’ont été stoppées que par les mesures de confinement. Car les études scientifiques, y compris celles de Santé Publique France, convergent avec les conclusions du Rapport Parlementaire de fin 2019 qui met en cause la responsabilité de l’État.
Une telle responsabilité ouvrirait la porte à des demandes d’indemnisations qui se chiffreraient en milliards d’euros. Le combat des Antillais ouvre la voie à la réparation pour exposition aux substances chimiques dangereuses. Cette bataille, à l’image de celle contre le glyphosate, participe activement de lutte contre la pollution chimique agricole.
Anne-Catherine Husson-Traore,  @AC_HT, Directrice générale de Novethic

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