Dans un entretien accordé à un média roumain Angela Gheorghiu ne se montre pas tendre avec son compatriote George Enescu. La soprano égratigne également d’autres grandes légendes de son pays comme la chanteuse populaire Maria Tănase ou le compositeur Ciprian Porumbescu.
« En 30 ans, je n’ai découvert aucune salle importante dans laquelle George Enescu a dirigé »
À l’occasion de la sortie, début octobre, de son autobiographie « A life for art » en Roumanie (publiée en 2018 aux États-Unis) Angela Gheorghiu, qui fut l’épouse de Roberto Alagna, a répondu aux questions du site Contributors.ro. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la diva n’a pas mâché ses mots, notamment à l’égard de certains de ses glorieux compatriotes, quitte parfois à enjoliver la réalité à leur décharge.
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Selon la chanteuse, « l’histoire culturelle de la Roumanie est composée de fausses légendes. Des gens nous parlent de génies mais, mais en réalité, ils n’était pas si géniaux ». Et Angela Gheorghiu de prendre pour cible une véritable légende en Roumanie, le compositeur, chef d’orchestre et violoniste George Enescu. « En 30 ans, je n’ai découvert aucune salle importante dans laquelle George Enescu a dirigé. Tout ce que je sais d’Enescu, c’est qu’aux États-Unis, il a remplacé Arturo Toscanini, au Carnegie Hall. Il l’a remplacé, donc personne ne l’avait initialement invité. Et quand il y est allé une deuxième fois, c’était pour un concert dans un musée ». C’est oublier que George Enescu a notamment dirigé à plusieurs reprise le Philharmonique de New York, notamment pour son concert d’adieu en 1950 avec Yehudi Menuhin.
« Ce n’est pas parce que tu es allé à Paris ou New York que tu es un grand artiste »
Un autre grand compositeur roumain subit les foudres d’Angela Ghiorghiu. Il s’agit de Ciprian Porumbescu (1853-1883). Selon elle c’était « Un compositeur qui a écrit peu de choses. Ciprian Porumbescu était un compositeur qui était au début de sa carrière, il a composé une opérette roumaine. Sa musique n’est pas d’une grande valeur, comparée à beaucoup d’autres compositeurs roumains » déclare-t-elle et de confier toute l’admiration qu’elle porte à d’autres grands noms de la musique de Roumanie tels que les pianistes Dinu Lipatti et Radu Lupu et surtout le chef d’orchestre Sergiu Celibidache qui sont, pour elle « des artistes qui comptent dans le monde entier », mais dont on n’a pas assez parlé durant leur carrière.
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Angela Gheorghiu n’est pas tendre non plus avec la chanteuse populaire Maria Tănase, « la Piaf roumaine » : « On a dit qu’elle avait chanté à New York. C’est vrai mais entre les tables lors d’une exposition (Exposition universelle de 1939, ndlr) où étaient invités des Roumains (…) Ce n’est pas parce que tu es allé à Paris ou New York que tu es un grand artiste. Il y en a aussi qui sont restés en Roumanie et qui sont très bons. Mais personne ne les connaît ».
Philippe Gault
