Louée sois-tu, Diversité des créatures, sirène du monde ! » Gabriele d’Annunzio aurait-il inspiré Lluis Quintana-Murci ? « La diversité génétique humaine est le fil conducteur de mes travaux, dit ce chercheur originaire des Baléares, qui dirige depuis 2007 l’unité de génétique évolutive humaine associée au CNRS, à l’Institut Pasteur (Paris). Cette diversité nous aide à comprendre notre histoire démographique. Elle montre comment nous nous sommes adaptés à notre environnement. Nous sommes des survivants des épidémies passées. »
Pour ce natif de l’île de Majorque, âgé de 43 ans, la France est un « choix de vie ». Il a d’ailleurs adopté la nationalité française. Est-ce l’insularité, dans l’enfance, qui a façonné son goût pour l’altérité ? « Quand j’avais 15 ou 16 ans, j’adorais prendre ma Mobylette pour aller voir d’autres gens, à l’aéroport. Très tôt, j’ai su que j’irais vivre ailleurs », dit-il d’une voix chantante. Ce fils d’un banquier, dont la famille mêle des violonistes et des cultivateurs « d’amandiers et de caroubiers », part donc pour Barcelone suivre des études de biologie. Il fait sa thèse en Italie, dans le département de génétique fondé par Luigi Luca Cavalli-Sforza, à Pavie. C’est là que naît sa vocation. En 1999, il arrive en France au terme de trois migrations. Un parcours qui résonne avec son intérêt croissant pour les migrations humaines.
« Nous sommes tous des enfants d’Afrique, rappelle François Renaud, de l’Institut écologie et environnement du CNRS. Ce qui fascine Lluis, c’est de comprendre comment nos ancêtres sont sortis d’Afrique pour coloniser différents écosystèmes. » Cet « out of Africa » a eu lieu il y a soixante mille ans, par une route côtière d’Afrique de l’Est, a montré Lluis Quintana-Murci. « Un très beau travail publié dans Nature Genetics en 1999 », dit le professeur Antoine Gessain, ancien président du conseil scientifique de l’Institut Pasteur.
« ESPRIT BRILLANT »
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