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« La Musique spoliée : le trésor secret des nazis », sur Toute l’Histoire : les instruments de la discorde

Un remarquable documentaire prend le biais du vol de la collection de la claveciniste Wanda Landowska par les nazis pour raconter les spoliations de biens musicaux juifs.

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Publié le 21 novembre 2021 à 18h30

Temps de Lecture 2 min.

Le piano de la claveciniste Wanda Landowska (1879-1959), dont la collection a été pillée par les nazis, en 1940.

TOUTE L’HISTOIRE – DIMANCHE 21 NOVEMBRE À 20 H 40 – DOCUMENTAIRE

Les spoliations opérées par les nazis sur les biens juifs français, pendant l’Occupation, étaient à la fois parfaitement renseignées, localisant les œuvres d’art demeurées dans les appartements « laissés vacants » (selon l’expression consacrée) par leurs occupants, et réalisées « à l’aveugle » par des razzias sur tout ce qui pouvait y être trouvé.

C’est ce que montrait de manière glaçante Le Pillage des appartements juifs : l’Opération meuble (2020) de Cyril Denvers, diffusé en mai sur France 5, un documentaire où le cas des instruments de musique n’était que très marginalement évoqué. Il est en revanche central dans celui, exceptionnel, d’Isabelle Gendre, La Musique spoliée : le trésor secret des nazis (2020).

Ce film raconte notamment – par le truchement de la voix off d’André Manoukian – l’histoire et le périple, jusqu’en Silésie et en Bavière, de la très riche et belle collection d’instruments et de partitions anciens que la grande claveciniste Wanda Landowska (1879-1959) conservait dans sa maison et sa salle de concerts, à Saint-Leu-la-Forêt (Val-d’Oise), inaugurée en 1927.

Elle fut dépossédée par les nazis en 1940 (qui iront jusqu’à voler le savon dans sa maison !), après le départ pour la zone libre, puis l’exil forcé de Landowska aux Etats-Unis, en 1941, où elle se fixa pour le restant de ses jours avec sa compagne et assistante, Denise Restout (1915-2004). Les nazis savaient très bien ce qu’ils trouveraient chez elle, et ils lorgnaient notamment le piano sur lequel Frédéric Chopin aurait écrit une partie de ses Préludes, à Majorque, en 1838.

Des pianos dans les sous-marins

L’histoire (tout à fait ironique) de ce piano est l’une des pépites de ce documentaire, où l’on apprend mille choses, rapportées par des historiens, musiciens, facteurs d’instruments et musicologues. Par exemple, comment des cargaisons de pianos droits sont réquisitionnées pour être expédiées en Allemagne, dans les écoles, mais pas seulement : certains instruments rejoindront les… sous-marins allemands, où l’on faisait aussi de la musique.

Autre anecdote – mais les anecdotes, en ce domaine, sont toujours signifiantes : comment Léon Blum, à son retour du camp de Buchenwald, se dépensa en démarches pour récupérer son piano à queue Bechstein, dont il ne pouvait prouver la provenance. Sa demande fut naturellement acceptée et fructueuse, comme pour à peu près la moitié de ceux qui réclamèrent leur instrument au Service de restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliations.

Le documentaire (le premier à rendre compte largement des spoliations musicales nazies) s’attache aussi à la vie musicale dans le ghetto de Cracovie et dans les camps de concentration. Des sujets aussi passionnants que poignants, mais davantage traités par les historiens et les documentaristes. Cependant, la musique dans les camps est liée à l’histoire de certains instruments qui ont pu y être introduits par certains déportés.

La provenance et l’histoire de ces instruments retrouvés, y compris les plus modestes, sont essentielles, ainsi que le rappelle Pascale Bernheim, qui a fondé, avec l’avocate Corinne Hershkovitch, l’association Musique et spoliations. Et il est déchirant de voir le luthier israélien Amnon Weinstein leur apporter le soin qu’il prodiguerait à un noble Stradivarius. Car, dit-il, « avant la chambre à gaz, les derniers mots ont été dits par ces violons… ».

La Musique spoliée : le trésor secret des nazis, documentaire d’Isabelle Gendre (Fr., 2020, 50 min).

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