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CQFD

C'est quoi le Web3, cette nouvelle version d'Internet qui fait parler d'elle ?

Bien qu'il s'agisse encore d'un concept flou, le Web3 est salué par ses partisans comme une version décentralisée d'Internet basée sur la blockchain, la technologie derrière de nombreuses cryptomonnaies. Le point dans ce CQFD.

Le terme de Web3 a été inventé par le cofondateur d'Ethereum, Gavin Wood.
Le terme de Web3 a été inventé par le cofondateur d'Ethereum, Gavin Wood. (Shutterstock)

Par Leïla Marchand

Publié le 3 janv. 2022 à 11:00Mis à jour le 3 janv. 2022 à 11:30

Moqué par certains pontes de la tech comme Elon Musk, encensé par les partisans des cryptomonnaies… Le Web3 déchaîne les passions depuis quelque temps dans l'univers de la tech. Qu'est-ce que ce nouveau concept ? S'agit-il d'un simple « buzzword » à la mode ou d'une véritable nouvelle version d'Internet ? Voici ce qu'il faut savoir sur cette notion encore floue.

Pourquoi le nom de Web3 ?

Le Web3 - version courte de Web 3.0 - serait la nouvelle version du web succédant au Web 1.0 et au Web 2.0. Les plus âgés d'entre nous se souviennent bien du Web 1.0, le web des débuts d'Internet, qui était un simple portail d'information, assez désorganisé, où l'on pouvait naviguer entre des pages statiques.

L'ère du Web 2.0 s'est ouverte à partir du milieu des années 2000. Parfois surnommé « web participatif », le Web 2.0 a vu émerger les plateformes et réseaux sociaux que nous utilisons au quotidien, comme Facebook, Google ou Amazon, ou encore des services comme Uber ou Wikipédia. Le Web3 a ainsi été nommé car il représenterait la prochaine évolution d'Internet.

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D'où vient ce concept ?

On doit l'origine du concept à Gavin Wood, informaticien connu pour avoir cofondé Ethereum, une blockchain (décentralisée et open source) disposant de sa propre cryptomonnaie (l'ether, actuellement la deuxième du marché après le bitcoin).

Le Britannique - qui a inventé le terme Web3 en 2014 - dirige aujourd'hui la Fondation Web3, chargée de soutenir des projets technologiques décentralisés, ainsi que Parity Technologies, société axée sur le développement de logiciels Web3.

Qu'apporterait ce Web3 ?

Les défenseurs du Web3 soutiennent que les plateformes en ligne sont aujourd'hui trop centralisées et contrôlées par une poignée de grandes sociétés, comme Amazon, Apple, Alphabet (société mère de Google) ou Meta (société mère de Facebook). Ces entreprises ont amassé de grandes quantités de données personnelles et de contenus sans que les utilisateurs en aient véritablement le contrôle.

L'idée serait donc de redonner du pouvoir aux internautes en créant un web « décentralisé », où ceux-ci peuvent « transporter » leurs données d'un service à l'autre. Le Web3 vise ainsi à supprimer les intermédiaires que sont les grandes entreprises tech.

Quel rapport avec les cryptomonnaies ?

Le Web3 serait construit à partir de la blockchain. Cette technologie ne sert pas qu'aux cryptomonnaies, elle est aussi utilisée pour conclure des contrats ou contrôler le fonctionnement d'applications (comme les « DApp », ou « decentralized applications »).

Pour rappel, il s'agit d'une sorte de registre qui contient la liste de tous les échanges effectués entre utilisateurs. Ce registre est décentralisé - c'est-à-dire stocké sur les serveurs de ses utilisateurs - et très sécurisé car il repose sur un système cryptographique de validation par les utilisateurs à chaque transaction. D'où le nom de « blockchain » (« chaîne de blocs »).

Dans le cas du Web3, cela permettrait de créer par exemple des actifs financiers, sous forme de jetons, pour assurer le fonctionnement interne de chaque service. Les plateformes seraient donc exploitées, détenues et améliorées par des communautés d'utilisateurs.

Chaque internaute disposerait d'un seul compte personnalisé, créant un enregistrement sur la blockchain de toutes ses activités. Et par exemple, chaque fois qu'il publierait un message, il pourrait gagner un jeton pour sa contribution, lui donnant à la fois un moyen de participer au sein de la plate-forme et un actif financier.

Qu'en disent ses détracteurs ?

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Le concept de Web3 est encore taxé par ses détracteurs d'être trop flou et nébuleux. « Cela ressemble plus à un mot marketing à la mode qu'à la réalité en ce moment », a lui-même lancé Elon Musk, le PDG de Tesla et SpaceX, pourtant connu pour être un crypto-enthousiaste. Le fantasque milliardaire a également tweeté, moqueur : « Quelqu'un aurait vu le Web3 ? Pas moyen de le trouver ».

En réponse à ce tweet, le cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, a répliqué : « Il se trouve quelque part entre a et z ». Une référence à peine voilée au fond américain de capital-risque Andreessen Horowitz, également connu sous le nom de « a16z » et important investisseur dans le Web3.

L'entrepreneur, qui a récemment quitté son poste à la tête du réseau social, doute en effet du potentiel du Web3 à redonner du pouvoir aux utilisateurs, estimant que les fonds de capital-risque finiront par en récupérer le contrôle. « Vous ne possédez pas le Web3. Les VC et leurs commanditaires, eux, le possèdent. Il n'échappera jamais à leurs motivations. C'est finalement une entité centralisée avec une étiquette différente », soutient-il.

Les sceptiques avancent également que ce concept est loin d'avoir donné la preuve de son intérêt au-delà d'applications de niche, dont beaucoup sont des services destinés aux utilisateurs de cryptomonnaies.

Enfin, les régulateurs ont fait part de leurs inquiétudes concernant certains aspects du projet, en particulier la finance décentralisée, ou DeFi, visant à rendre les usagers indépendants des banques. Cela pourrait favoriser le blanchiment d'argent.

Pourquoi cette notion fait tout à coup parler d'elle ?

La montée en puissance des NFT (ou jetons non fongibles) et des cryptomonnaies a aidé à propulser le Web3 sur le devant de la scène. Le concept a également fait parler de lui récemment quand un groupe de passionnés de cryptomonnaies s'est regroupé en un collectif pour tenter d'acheter un exemplaire original de la Constitution américaine, mis aux enchères par Sotheby's. Le groupe s'est, pour cela, constitué en un DAO (pour « Decentralized Autonomous Organization »), une organisation décentralisée dont les règles sont inscrites dans une blockchain.

Par ailleurs, comme le note le « New York Times », les investisseurs en capital-risque se sont eux aussi entichés du Web3 et ont commencé à investir des milliards de dollars dans des projets, comme la création d'applications dédiées. En bref, le Web3 commence à se concrétiser… mais doit encore faire ses preuves.

Leïla Marchand

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