À la prison de Fresnes, un chœur de détenus s'évade grâce à la musique classique

Des ateliers hebdomadaires se sont achevés par un concert, hier après-midi ©Radio France - Christophe Abramowitz
Des ateliers hebdomadaires se sont achevés par un concert, hier après-midi ©Radio France - Christophe Abramowitz
Des ateliers hebdomadaires se sont achevés par un concert, hier après-midi ©Radio France - Christophe Abramowitz
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Favoriser l'accès à la musique en milieu carcéral : c'est l'objectif de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, en partenariat avec la soprano Johanne Cassar. Reportage à la maison d'arrêt de Fresnes, où des détenus ont donné un concert émouvant ce mardi.

"C'est le jour J. On va voir comment ça va se passer, un peu de trac, mais ça va aller !" En coulisses ils rigolent, pour détendre l'atmosphère, et aussi parce qu'ils commencent à bien se connaître à force de chanter tous ensemble. Karim, Djibril, Anis, Maddy... ils ont presque tous moins de trente ans, condamnés à des peines longues ou moyennes, mais sont surtout chanteurs depuis décembre : "Ça apaise le cerveau, on pense à autre chose qu'à la détention, ça permet de nous évader. On apprend un peu la musique, des choses qu'on aurait jamais apprises en dehors d'ici... Je ne vais pas vous mentir, personne dans notre groupe n'avait chanté avant, ou alors du rap ou du RnB."

La musique vocale classique était donc pour eux un voyage en terre inconnue, au rythme d'un ou deux ateliers par semaine, avec aux commandes la soprano et cheffe de chœur Johanne Cassar : "Au départ ils voulaient aborder d'autres répertoires, me demandaient pourquoi ils faisaient de la musique classique. Je leur disais qu'ils verraient plus tard, le jour du concert, quand les instrumentistes allaient venir. Il a fallu faire preuve de ténacité !"

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Walid est fier, car c'est lui qui a persuadé ses camarades de participer aux ateliers. "Au début nous n'étions que trois, puis j'ai convaincu d'autres détenus de participer, lors de notre promenade", raconte-il, en peignant un peu sa barbe avant le concert : "Grâce à cette activité, on a notre promenade de deux heures, plus cette activité, qui dure deux heures ou deux heures et demi."

Plus l'opportunité de rencontrer des musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, qui sont douze à répéter sur la scène. D'autres détenus arrivent par petits groupes, s'assoient sur les gradins de la chapelle de la maison d'arrêt, où les grandes fenêtres, couvertes de tissu noir, laissent passer quelques courants d'air. Et où la voix des dix chanteurs résonne avec force.

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