feuilles volantes de l’histoire de la psychologie

Hypnose,

suggestion, hystérie

par D. VOUTSINAS

“Ce n’est pas d’hier qu’on a fait de la psychologie avec l’hystérie. En France, presque toute la psychologie pathologique s’est développée sur cette maladie comme base, et la femme hystérique est devenue pour les psychologues une gre¬ nouille de laboratoire”.

A. BINET et TH. SIMON : Hystérie ; Année psychologique, 1910.

Les études sur le «magnétisme animal », l’hypnose, la suggestion, sur lesquelles vin¬ rent se greffer plus tard les travaux concer¬ nant l’hystérie, représentent un courant qui accapara pendant très longtemps l’intérêt de la psychologie — normale et pathologique — en France.

D’après le témoignage de Pierre Janet, à partir de 1882, «toutes les revues, non seule¬ ment médicales, mais philosophiques et mê¬ me littéraires, les comptes rendus de toutes les sociétés sont remplis d’articles sur le grand hypnotisme ; rappelons en 1882 les études de Brown-Séquard, de Tamburini, de Seppili, de Ladame, de Vizioli, de Pitres, de Descourtis, de Dumontpallier, de Leblois. Citons, en 1883, ceux de P. Richer, de Luys, de Barth, de Babinski, de Brissaud...; en 1884, ceux de Pitres, de Bérillon, de Bottey, de Mocquin, de Féré, de Gilles de la Tou-rette, de Tageret, de P. Magnin. Dans les an¬ nées suivantes, il faut signaler les travaux de Brémaud, d’Azam, de Morselli, de Lom¬ broso, de Bianchi, de Sommer, de Dufour, de Paul Janet, etc. Des revues spéciales sont fondées, la «Revue de l’Hypnotisme » de Bé¬ rillon, la «Revue des Sciences Hypnotiques »,

1887, le «Zeitschrift für Hypnotismus », etc.».1.

Janet signale encore que de 1888 à 1896, il y a eu «un véritable épanouissement de la thérapeutique suggestive » 2, qu’en 1889 Forel, avec son ouvrage, L* hypnotisme, son importance psychophysiologique, médicale et juridique, sa pratique, fait propager en Al¬ lemagne les mêmes thèses ; qu’en 1892, au Congrès de Munich, le Dr A. Voisin faisait une communication sur le traitement de cer¬ taines formes d’aliénation mentale par la suggestion hypnotique. Nous ne savons pas si Pierre Janet avait eu sous les yeux le rap¬ port lu par Husson en 1831 à l’Académie de Médecine qui mentionnait les travaux faits dans ce sens en Allemagne, en Hollande, en Russie dès le début du siècle et rangeait «l’amour-propre national » parmi les raisons qui devaient inciter l’Académie à se montrer soucieuse de telles recherches.

Dans un ouvrage paru en 1959, le Dr L. Chertok écrit que «l’âge d’or de l’hypnose (1880-1890) coïncide avec la grande période de rayonnement de la médecine française. Durant cette période, l’hypnose bénéficiait d’une reconnaissance officielle de la Faculté.