Brève histoire des origines de l’humanité

d’Antoine Balzeau

Éditions Tallandier, 320 p., 19,90 €

Salutaire (re) mise à niveau que cet ouvrage ! Pour tous ceux dont les cours de biologie et d’histoire datent un peu, Antoine Balzeau, paléoanthropologue au Muséum national d’histoire naturelle, fait le point sur ce que l’on sait, en 2022, des origines de l’humanité.

Une coexistence d’espèces

Fini l’histoire d’une lignée humaine, où les différentes espèces du genre Homo se succèdent, chacune laissant la place à la suivante, plus « évoluée ». « L’humanité est un buisson », écrit le spécialiste, et ce même si « l’expansion d’Homo sapiens se fait au détriment des autres espèces », note-t-il dans l’une des nombreuses remarques sur la biodiversité qui parsèment l’ouvrage.

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Du chimpanzé à Homo sapiens, l’homme actuel, les os de la face se modifient, les bras raccourcissent et le volume crânien peut augmenter ou rétrécir, tout cela n’empêche pas la coexistence des espèces et les allers-retours de l’évolution. Car, n’en déplaise à ceux qui appliquent une lecture toute personnelle à Darwin, « tout caractère biologique ne sert pas forcément à quelque chose et tous ne se modifient pas continuellement pour maintenir une hypothétique fonction optimale ».

Le premier néandertalien, un déserteur cosaque ?

À ce petit jeu, il est aussi vain de vouloir retrouver « le chaînon manquant » entre l’homme et le singe, met en garde l’auteur, « une notion théorique, pas une réalité fossile ». À la place, Antoine Balzeau fait le tour de la trentaine d’espèces humaines connues qui ont peuplé le passé, du berceau africain aux habitants isolés de l’île de Florès, en Indonésie. Sans oublier les Néandertaliens européens, qui ont cohabité avec Homo sapiens.

Pour la petite histoire, lors de la découverte, par hasard, du tout premier fossile de Néandertalien, en 1856 en Allemagne, un biologiste de l’université de Bonn conclut qu’il s’agit probablement d’un cosaque de 1814, blessé et déserteur. À l’époque, l’identification d’une nouvelle espèce humaine impliquait un immense changement idéologique.

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Au-delà de la lecture des fossiles, c’est tout ce long travail de pensées que brosse Antoine Balzeau, de l’extension des fouilles dans des pays délaissés aux nouvelles technologies de reconstitution. Une réflexion sur le métier et plus largement sur la société. Comme lorsqu’il évoque les migrations, au gré des changements climatiques, ou raille avec humour le « régime paléo » dans l’alimentation moderne. En bref, un ouvrage très actuel sur de très vieilles humanités.