
Daniel Dennett, le philosophe de la conscience
La conscience n’est-elle qu’une illusion ? Cette idée est au centre de l’œuvre du philosophe Daniel Dennett, disparu il y a bientôt un an. Un hommage s’impose.
Grâce à de nouvelles approches combinant neuro-imagerie et mathématiques, on évalue de mieux en mieux l'état de conscience d'une personne – suffisamment pour réviser la classification des états de la conscience. Explications de Lionel Naccache, de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière, à Paris.
Article réservé aux abonnés numériquesLes études sur la conscience se sont multipliées ces 30 dernières années. Qu'est-ce qui a déclenché cet engouement ?
L'étude de la conscience a connu des hauts et des bas. À la fin du xixe siècle, nombre de savants s'interrogeaient sur notre capacité à percevoir et penser le monde, et différentes tentatives de la scientifiser cohabitaient, mais chacune avait des écueils. L'école de psychologie expérimentale dite de l'introspection soutenait que pour savoir comment fonctionne la conscience, il suffisait de sonder soi-même son esprit. Mais l'introspection est souvent erronée et des zones de la subjectivité sont insondables ; l'école s'est effondrée. D'autres gens se sont juste intéressés aux comportements. Cette école, le behaviorisme, était à l'inverse trop déconnectée du subjectif. La psychanalyse a aussi émergé, sorte de mouvement purement subjectif ne s'intéressant qu'à ce que les gens racontent sur eux-mêmes. Tous ces écueils ont relégué la conscience dans un placard : puisqu'elle était subjective, elle ne pouvait être un objet de la science. Les choses ont changé dans les années 1970, quand, lors d'expériences psychologiques, on a commencé non seulement à recueillir le rapport subjectif du sujet, mais à le confronter à l'observation du comportement et de l'activité cérébrale. On s'est ainsi aperçu, par exemple, que des patients ayant une lésion dans le cortex visuel de l'hémisphère gauche, même s'ils disaient ne pas voir un visage qui leur était présenté dans leur champ mort, répondaient correctement à la
L. Naccache, Minimally conscious state or cortically mediated state ?, Brain, awx324, 2017. https://doi.org/10.1093/brain/awx324
J. D. Sitt et al., Large scale screening of neural signatures of consciousness in patients in a vegetative or minimally conscious state, Brain, vol. 137, pp. 2258-2270, 2014.
S. Dehaene, Le Code de la conscience, Odile Jacob, 2014. L. Naccache, Le Nouvel Inconscient, Odile Jacob, 2006.
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La conscience n’est-elle qu’une illusion ? Cette idée est au centre de l’œuvre du philosophe Daniel Dennett, disparu il y a bientôt un an. Un hommage s’impose.
Comment explorer en détail les fondements de la conscience ? Une expérience de pensée invoquant des zombies apporte un éclairage nouveau. Mais même avec ainsi, la question reste ardue.
Selon une théorie développée par Roger Penrose, la conscience aurait des fondements quantiques. Des expériences peuvent-elles tester cette idée ?
Qu’est-ce que la conscience ? De nombreuses théories s’essayent à appréhender ce concept élusif. Lionel Naccache, neuroscientifique l’institut du Cerveau à Paris, a développé l’une d’entre elles, le modèle de « l’espace de travail global ». Il fait le point pour nous sur le paysage des théories de la conscience.
Selon les biologistes et philosophes signataires de la déclaration de New York, la conscience chez les insectes, les reptiles et les mollusques est « une possibilité réaliste ».
Disputes entre spécialistes, multiplication des théories : la recherche en neurosciences peine à avancer d’un seul pas quand il s’agit de saisir la nature de la conscience. De récentes expérimentations tentent de faire converger les différentes approches.
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