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SEDAU (Sedeinga Archaeological Unit)

Champollion : Ces héritiers de l’égyptologue qui s’attaquent aux langues disparues

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Publié le 16 juillet 2022 à 17h04, modifié le 25 novembre 2022 à 16h07

Temps de Lecture 4 min. Read in English

Et s’il y avait un malentendu au sujet de Jean-François Champollion, passé à la postérité pour avoir compris le fonctionnement du système d’écriture hiéroglyphique en 1822 ? Et si son exploit était surtout d’avoir reconstitué la langue des Egyptiens de l’Antiquité en seulement quelques années ? Car écriture et langue sont deux choses distinctes. Il suffit pour s’en convaincre d’avoir sous les yeux les mots suivants – « A zenetanulás lélekgazdagító ereje » –, titre d’un article volé dans un journal hongrois. N’importe quel lecteur du Monde pourra déchiffrer ce qui est écrit signe à signe mais, à moins de connaître le hongrois, la compréhension du texte lui échappera.

La « chance » de Champollion était de savoir avec une quasi-certitude que la langue copte, qu’il maîtrisait, descendait de l’égyptien ancien, ce qui l’aida à la reconstruire. Idem pour le Britannique Michael Ventris (1922-1956), qui, pour déchiffrer le linéaire B, écriture de la civilisation mycénienne, fit le pari gagnant qu’il s’agissait d’une forme archaïque de grec ancien. Les héritiers de Champollion, qui s’attaquent aujourd’hui aux langues inconnues, n’ont pas toujours cette chance. Ainsi en va-t-il des spécialistes de l’étrusque, langue codée avec un alphabet tiré du grec – donc parfaitement déchiffrable – mais qui n’a pas laissé de postérité. « Les espoirs pour l’étrusque sont minimes, reconnaît Claude Rilly, professeur à l’Ecole pratique des hautes études et directeur de recherche au CNRS. Il faudrait avoir énormément de textes bilingues pour y parvenir. »

Les textes bilingues font en effet figure de Graal dans l’imaginaire collectif, car la pierre de Rosette y a laissé une forte impression, mais, dans l’histoire des déchiffrements, rares sont les langues anciennes qui ont été traduites grâce à ce genre d’outil.

Claude Rilly en compte deux : « Tout d’abord le sumérien, une langue morte en 2000 av. J.-C., mais qui est restée le “latin” des scribes akkadiens [langue sémitique proche de l’hébreu ou de l’arabe classique, qui fut parlée pendant environ deux millénaires en Mésopotamie]. On a des bilingues à la pelle, des glossaires, et cela a permis de le déchiffrer. L’autre exemple est le tokharien, la langue indo-européenne la plus orientale qui soit [dont les traces ont été retrouvées dans le Xinjiang, en Chine]. On a découvert des bibliothèques entières dans des grottes avec des textes bilingues en vieux ouïghour. »

« La première chose à faire, c’est de tâcher de pénétrer dans la langue par les noms propres. » Claude Rilly, professeur à l’Ecole pratique des hautes études et directeur de recherche au CNRS

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