La Touche baroque

De la rue à la cour : ces danses et musiques populaires reprises par les compositeurs baroques

© De Agostini via Getty Images – DEA / A. DAGLI ORTI

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Par Michel Keustermans

Les compositeurs se sont toujours inspirés de la musique populaire, des airs et des formes de danse pour y ajouter leur touche personnelle… Mais il est vrai aussi qu’il existe quelques thèmes de grands maîtres qui se retrouvent dans les mains de l’un ou l’autre chanteur. À l’occasion du concert du Riccercar Consort à l’Automne musical de Spa, Michel Keustermans vous propose une plongée dans les mélodies et les danses populaires qui ont inspiré de nombreux compositeurs.

Depuis le XVe siècle, on n’en finit pas de s’emparer des danses et mélodies populaires pour en faire des variations, la plus célèbre d’entre toutes étant la Folia. Cette danse campagnarde d’origine portugaise rendait fou, tellement l’on tournait sur soi en répétant les mêmes cycles harmoniques. La transe n’était pas loin, la danse a même été interdite par les autorités ecclésiastiques. Cela n’a pas empêché les compositeurs d’en réaliser des variations depuis Ortiz jusque Vivaldi, en passant par Henry Le Bailly, François Couperin ou Marin Marais, qui en réalisera des variations pour viole de gambe et continuo.

Pas très loin de la Folia, on trouve la Passacalle – on passait dans la rue en chantant et en dansant une sérénade - et la Ciaconna, elles aussi basées sur le principe de l’ostinato. Elles ont toutes la particularité d’avoir cet effet hypnotisant à cause du procédé de répétition que l’on devine sous-jacent. Car c’est la base harmonique que l’on répète, pas la mélodie. Et c’est le cas pour des dizaines d’autres "standards" qui servaient de prétextes à des variations toutes plus inventives les unes que les autres : canario, spagnoletta, villano, gaillarda, jacara et autres tarentellas.

Ce procédé se retrouve également en France, dans des airs ou certaines danses, et surtout en Angleterre avec le "Ground". On en connaît de très célèbres chez Purcell, qui pousse très loin les limites de l’harmonie, mais on en a de nombreux exemples depuis le XVIe siècle. Le plus célèbre de tous était sans conteste celui basé sur Greensleeves, "Cette Noble et Vieille Dame", ballade qui comportait à elle seule pas moins d’une cinquantaine de textes différents. On retrouve cet air sous le nom de "Los Paysanos" chez Murcia, dont la base italienne est le Passamezzo Antico.

Et si l’on parle ici plus de passage de la rue à la cour, il est évident que des chanteurs et musiciens dits "populaires" ont largement pioché dans le répertoire de la musique classique, la preuve étant que la mélodie servant de base à la chanson Amsterdam de Jacques Brel provient d’un "ground" très proche de la Romanesca, "Greenleeves to a Ground".

Des musiques à découvrir lors du concert du Riccercar Consort, ce samedi 22 octobre dans le cadre de l'Automne musical de Spa

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