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Départs

Kader Belarbi licencié du ballet de l’Opéra de Toulouse

Exception qui confirme la règle, des «défaillances managériales» ont eu raison du poste qu’occupait depuis dix ans l’ancienne étoile, sujet d’une enquête interne. Il porte plainte pour «dénonciation calomnieuse».
par Ève Beauvallet
publié le 13 février 2023 à 18h19
(mis à jour le 13 février 2023 à 20h11)

Existe-t-il, à de tels postes, des départs sans fracas ? Après la démission d’Aurélie Dupont de la direction de la danse de l’Opéra de Paris sur fond de polémiques managériales – départ qui faisait suite à celui non moins fracassant de son prédécesseur Benjamin Millepied – , et en même temps que la suspension du chorégraphe Marco Goecke de l’Opéra de Hanovre pour avoir étalé la merde de son chien sur une journaliste, on apprenait ce lundi le licenciement de Kader Belarbi, 60 ans, du ballet du Théâtre du Capitole, opéra national de Toulouse, qu’il dirigeait depuis plus de dix ans. Un bilan artistique souvent salué par ses pairs et respecté des balletomanes, une fondation tout juste lancée pour amener la danse classique dans les quartiers défavorisés et vers le numérique (soutenue par la Fondation de France) mais encore la même épine dans le chausson : le management.

«Deux versions de l’affaire s’opposent totalement, informait ce lundi la Dépêche du midi. Kader Belarbi se dit victime d’une «cabale», d’un «règlement de comptes».» Du côté de Toulouse-Métropole, il s’agirait de «défaillances managériales graves». En un peu plus de deux ans, 15 des 35 danseurs du Théâtre du Capitole ont quitté la troupe. L’un d’eux a fini par déposer plainte auprès du procureur de la République – plainte suivie d’une enquête interne défavorable au directeur, elle-même suivie d’une commission consultative paritaire, réunissant élus et syndicats, qui, à l’unanimité, a validé le licenciement. Olivier Baratelli, avocat de Kader Belarbi, évoque de son côté des «jalousies» et informe que le chorégraphe, ancienne étoile de l’Opéra de Paris (son nom circulait cet automne pour la succession de Dupont), a lui-même déposé plainte pour dénonciation calomnieuse, conduisant à un «licenciement expéditif qui a lieu sans que ne soient respectés les droits de la défense».

Charismatique patron

Avant l’Opéra national de Toulouse et l’Opéra national de Paris (où Kader Belarbi, ancien étoile, était pressenti en succession d’Aurélie Dupont), c’est au ballet de l’Opéra national de Lyon qu’avait retenti il n’y a pas si longtemps une polémique autour des méthodes jugées violentes et discriminantes du directeur du ballet. Début février 2020, Yorgos Loukos, charismatique patron qui avait fait de cette compagnie d’une trentaine de danseurs la meilleure au monde en contemporain, était évincé de son poste sur décision unanime du conseil d’administration, et ce, dans la foulée de sa condamnation par la cour d’appel de Lyon pour «discrimination», en raison du non-renouvellement du contrat, en 2014, d’une danseuse à son retour de congé maternité.

Un choix motivé, selon le prévenu, par des critères artistiques – la danseuse en question présentant selon lui une «faiblesse physique et stylistique» et un «style trop classique» pour obtenir un CDI dans le ballet. L’argument n’ayant pas convaincu, la danseuse Julie Guibert, primo-accédante à un tel poste, était choisie pour prendre sa suite, en plein début de pandémie. Trois ans pile après sa nomination, la voici elle aussi sur le départ. A Libération, Julie Guibert assurait voilà quelques semaines que cette décision était «souveraine, mûrement réfléchie, joyeuse». Incroyable, en effet, mais «il arrive que les départs de directeurs se fassent sans drame, ni fracas», confirme de son côté l’Opéra national de Lyon qui défend le bilan de sa future ex-directrice de ballet et a d’ores et déjà lancé un appel à candidatures.

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