GIEC : l’origine du 1,5°C de réchauffement

D’où vient l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C  de réchauffement planétaire ? Relativement au début du 20ème siècle. Est-il atteignable ? Quand sera t-il dépassé ?

Sur France 24, le lundi 20 mars, un présentateur me pose ces questions. Voici la réponse que j’ai pu apporter. Une réponse liée à l’analyse de l’injustice fondamentale du changement climatique : les pays les plus riches sont les plus responsables du bouleversement et des dégâts, alors que les pays les plus pauvres et les plus vulnérables en sont le plus victimes. C’est pourquoi, parmi les risques du changement climatique, il faut identifier et souligner celui de la géopolitique. Cette injustice terrible peut provoquer l’émergence d’une revendication de réparation de ces dégâts, de la part de ces populations. Et, si elle n’est pas satisfaite, le recours à des moyens violents – gouvernementaux et militaires ou  pour non-officiels et terroristes – pour y parvenir.

Cette analyse ne date pas d’aujourd’hui. Dès 2015, lors de la COP de Paris et l’émergence de ce chiffre, j’ai pu la formuler sur le blog que je tenais à l’époque pour Libération (les archives du blog ont été détruites).  Mais en voici un écho dans un article publié dans le journal papier quelques mois plus tard, en décembre 2015, où je précise que « limiter au plus près de 1,5°C l’élévationde la température moyenne est tout simplement impossible, puisque cette hausse est déjà présente dans l’atmosphère ». Cette affirmation ne vient évidemment pas de moi, mais des climatologues interrogés lors de la COP-15, devant ce nouvel objectif. A l’époque, tous ceux qui j’avais sollicités, notamment les spécialistes de la simulation numérique du climat futur, m’avaient tous fait la même réponse : dépasser 1,5°C est inéluctable, l’inertie physique du système climatique nous y conduit inexorablement.

Article publié dans Libération en décembre 2015.

L’ironie de la physique du climat étant que même l’expérience de pensée où l’on supprimerait instantanément toutes les émissions de gaz à effet de serre liées à l’usage du charbon, du gaz et du pétrole n’empêcherait pas cette évolution. En effet, les émissions de particules fines associées qui ont un effet refroidissant d’environ 0,3°C cesseraient elles aussi, et cela se traduirait par un bond similaire vers le chaud de la température moyenne planétaire, dès que les précipitations et la gravité les auraient ramenées sur le sol et les océans.

Sylvestre Huet

Pour aprofondir ce sujet, se reporter à la conclusion de Giec, Urgence climat, en vente dans toutes les  bonnes librairies, qui présente le contenu des rapports complets des groupes 1, 2 et 3 du GIEC publiés en 2021 et 2022 et donc le GIEC vient de publier la synthèse.

A écouter, cette émission de RFI de Anne-Cécile Bras dans laquelle je suis invité :  https://www.rfi.fr/fr/podcasts/c-est-pas-du-vent/20230324-synth%C3%A8se-du-rapport-giec-l-inaction-n-est-plus-une-option